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Le parcours du combattant de la reconversion dans « l’agri »

Le mythe du retour à la terre, les « néo-paysans », les NIMA (Non Issus du Monde Agricole) et autres catégories de personnes qui quittent le monde urbain pour s’installer à la campagne ne semble plus être un fantasme de journaliste de la presse alternative ni de soixante-huitards échevelés. À chaque nouvelle crise – et le Covid-19 en est un bon exemple – le mythe de la petite maison dans la prairie, autonome et autosuffisante, refait surface. Cependant, la route, bien qu’elle soit extrêmement enrichissante, est longue et parsemée d’embûches. Je ne me suis pas reconvertie dans le maraîchage ou l’élevage mais les activités équestres font partie de la grande famille de l’agriculture et, peu ou prou, se lancer dans une formation équestre quand on arrive « de Paris » revient à changer de vie !

Je détaille ci-dessous mon parcours, qui n’est ni exemplaire ni exhaustif. Ce témoignage n’a pour but que de donner un aperçu d’un itinéraire : à vous de créer le vôtre 😉

 

 

Trois diplômes, trois finalités différentes

L'ATE

Accompagnateur de Tourisme Équestre
Niveau IV
Diplôme fédéral (délivré par la Fédération Française d'Équitation)
600 heures dont 200 en stage

Donne le droit d'accompagner des balades (d'une heure à une demi-journée) et randonnées (d'une journée à plusieurs semaines) avec des cavaliers de tous niveaux sur des chemins reconnus.

Il donne une bonne culture pour devenir un "homme de cheval" (maréchalerie, nutrition, travail de la cavalerie, etc.)

Il permet d'ouvrir une structure équestre mais non :
- d'enseigner
- de faire passer des galops
- d'acquérir une "compétence agricole"

Le BPJEPS

Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et des Sports Éducateur Sportif mention "Équitation"
Niveau IV
Diplôme national délivré et reconnu par l'État.
L'ATE valide 3 UC sur 4 du BPJEPS.

Pour ma part, j'ai validé la dernière UC (la pédagogie) en 336 heures de formation et 427 heures en entreprise, en six mois.

Le BPJEPS permet d'enseigner l'équitation à tous les niveaux, dans toutes les disciplines.
Il donne le droit de valider les galops 1 à 7.
C'est la première étape à valider pour devenir enseignant : il donne les bases mais n'offre pas la connaissance absolue !

Il ne permet pas d'acquérir une "compétence agricole"

Le BPREH

Brevet Professionnel Responsable Entreprise Hippique
Dépend du Ministère de l'Agriculture
Niveau IV
1200 heures de formation en tout et 9 semaines de stage pour les titulaires du BPJEPS
Possibilité de suivre la formation à distance (pour ma part au Lycée Agricole de Laval)

Le BPREH est le volet équestre du BPREA (Brevet Professionnel Responsable Entreprise Agricole), sorte de sésame pour qui veut se reconvertir dans le monde agricole : il permet d'acquérir la fameuse "compétence agricole" afin d'ouvrir une structure dépendante de la Chambre d'Agriculture et d'être soutenu par l'ensemble du système agricole (aides, accès au foncier, etc.)

La formation est centrée autour de la structure équestre en tant qu'exploitation agricole (gestion du troupeau, de l'alimentation, des infrastructures, etc.)

Quatre ans de reconversion

L'aventure en détail

L'ATE

La découverte d'un métier-passion : Accompagnateur de Tourisme Equestre (ATE)

En 2016, nous revenions de notre « Canethon » lors duquel nous avions rencontré un certain nombre de reconvertis dans le monde du cheval, dont Violaine, « équicière » à Questembert (je vous laisse redécouvrir cette initiative ici). À l’époque, épris d’itinérance et de liberté, rien ne nous paraissait impossible, alors… pourquoi ne pas me reconvertir dans ma passion d’enfance : les chevaux ?

J’ai découvert le programme du diplôme d’Accompagnateur de Tourisme Équestre à Charlas, dans le Gers en novembre 2016. Il semblait correspondre à tout ce que je souhaitais faire à l’époque :
– Travailler dans la nature et limiter mon temps assise à un bureau,
– Vivre avec les chevaux,
– Partager ma passion des équidés et la culture des territoires traversés avec des personnes de passage,
– Avoir une activité saisonnière pour me permettre de travailler dans tous les autres domaines qui me passionnent le reste du temps.

La formation paraissait offrir un socle de connaissances solides pour devenir un « homme / femme de cheval ». 600 heures de formation et de stage me paraissaient être un minimum syndical avant de pouvoir travailler dans ce milieu, surtout après quasiment quinze ans sans avoir vraiment côtoyé les chevaux !

Cependant, en 2016, j’ai 30 ans : n’est-ce pas un peu vieux pour se lancer de nouveau dans une formation ? Fortement encouragée par mon entourage et de multiples phrases un peu bateau mais motivantes, comme « mieux vaut tard que jamais » et « on ne vit qu’une fois », je décide de me lancer et pars à la recherche d’un centre de formation.

Trouver le bon centre de formation : un premier voyage initiatique (janvier à juillet 2017)

A posteriori, je ris sous cape lorsqu’on me demande comment j’ai trouvé le bon endroit pour faire ma formation. De décembre 2016, moment où j’ai décidé de me lancer à octobre 2017, date à laquelle je suis entrée en formation, j’ai visité deux clubs en Île-de-France et « testé » quatre centres en Bretagne / Pays de la Loire.

Après un rendez-vous au Pôle Emploi parisien où j’étais encore inscrite et après avoir appris que si je pouvais être aidée pour le financement de la formation (qui coûtait alors entre 3 à 5k€), je devrais la suivre dans la Région Île-de-France, nous avons repris nos vélos, quelques Transiliens et avons visité deux centres. L’un d’eux nous a fait (sans mentir !), froid dans le dos ! Nous avons pris la fuite et j’ai appris depuis qu’il avait fermé et qu’une des élèves que j’avais croisée en test d’entrée n’avait jamais pu terminer sa formation… L’autre était plutôt sympa, mais l’idée de rester autour de l’énorme métropole a commencé à nous miner.
 

Ce tour en Île-de-France nous a vite fait repenser le projet : si nous changions de vie, autant quitter Paris. La seule inconnue était alors de savoir si Bertrand trouverait rapidement du boulot dans une nouvelle région. Nous avons décidé d’y croire, avons tracé des lignes sur la carte de France et notre choix s’est arrêté sur Rennes : aux portes de la Bretagne, bénéficiant d’un écosystème très « économie sociale et solidaire », un environnement agréable et une ville à taille humaine.

Février 2017, nous emménageons dans un petit meublé au centre ville de Rennes. Bertrand trouve rapidement un trouve un emploi chez Enercoop (un fournisseur d’énergie renouvelable, en SCIC). Je déménage mon affiliation chez Pôle Emploi et apprends que, pour un financement si élevé, en pleine période électorale, ce sera compliqué, voire impossible. J’ai de la chance : ma mère propose de me financer une grande partie de la formation et mes économies comblent le reste.

De mars 2017 à juillet 2017, je teste les centres proches de chez moi mais aucun ne réunit tous les critères qui m’importent :

– Proposer un planning précis de formation,

– Terminer la formation avant l’été pour ne pas être stagiaire pendant la période où je pourrais être rémunérée,

– Être suffisamment proche de l’appartement ou proposer un hébergement agréable pas trop cher sur place.

J’ai un critère bonus qui compte tout de même énormément : me sentir accueillie dans une ambiance qui me convient. Je reçois souvent des demandes concernant ce choix du centre de formation, je n’ai qu’un seul véritable conseil : il faut vous sentir bien lorsque vous y allez. Si vous percevez du jugement, du stress ou tout autre sentiment désagréable, fuyez ! L’idée consiste à être formé dans le monde équestre mais également dans le tourisme : si le sens de l’accueil n’est pas profondément ancré chez le dirigeant de la structure, passez votre chemin.

Enfin, renseignez-vous : avis sur internet, cavaliers dans les écuries, retours d’anciens de la formation, tout est bon à prendre (en y mettant bien sûr ses garde-fous). Pour ma part, j’ai même appelé la Conseillère Technique Régionale en charge des sports équestres pour être certaine d’aller au bon endroit…

Pour ma part, bien que mon cœur ait fortement penché pour plusieurs endroits, l’accueil, la bonne humeur et les tableaux excel d’Anne à l’Espace Équestre des Plaines de Mazerolles (44) m’ont convaincus.

Le premier test : l'entrée en formation (mai 2017)

Autonome et non encore décidée sur le choix de mon centre de formation, je m’inscris en « candidate libre » à la session de mai 2017 à Bouillé-Courdault, en Vendée. C’est loin de Rennes mais proche de La Rochelle où vit Maman. Je sais que j’aurai, quoiqu’il arrive, du champagne (car comme disait Napoléon : « En cas de victoire, je le mérite, en cas de défaite, j’en ai besoin ! »).

Les conditions pour s’y inscrire sont :
– Le Galop 6, et bien que je sois un peu rouillée, je l’avais bien validé aux Grilles en… 2000 !
– Totaliser 7 jours de randonnées dont 4 en itinérance (validés pour ma part aux Grilles, toujours ! – et à Charlas lors de la randonnée école des ATE en décembre 2016),
– Un certificat de Premiers Secours (j’avais passé le PSC1 juste avant Noël 2016). J’y reviendrai, mais ces notions de secourisme me paraissent primordiales et devraient être enseignées dès l’école primaire, en formation continue.

En y repensant, je suis arrivée là un peu comme une touriste, mais finalement, ça collait au diplôme…! Je crois que je souhaitais tellement faire ce métier que rien ne me paraissait impossible.

La Colline des Frettis (85), ferme équestre et centre de formation où se déroulait le test, m’a aussi tout de suite plu par la jovialité et l’assurance de son gérant, l’agencement des lieux et le côté « organisé désorganisé » de l’ensemble. Coup de bol, un mois plus tard, j’apprenais que la formation de Mazerolles se couplait de quelques semaines à La Colline pour les parties « conduite de randonnée », « matelotage et bourrellerie » et une fraction de la « technique équestre ».

La formation ATE (octobre 2017 - mai 2018) - 600 heures - 5k€ - Autofinancée

Les apprentissages équestres

À Mazerolles, la formation est dite « modulaire » : elle s’organise par bloc, ce qui permet une adaptation au plus près des besoins des personnes en formation. Après douze ans à Paris, j’ai eu droit au cursus complet :

  1. Participer au fonctionnement de la structure
  2. Encadrer et animer les activités de tourisme équestre
  3. Maitriser les techniques de la spécialité du tourisme équestre
    1. Détente montée et Parcours en Terrain Varié (PTV)
    2. Longe
    3. Orientation et topographie
    4. Maréchalerie
    5. Connaissances diverses
      1. Nutrition
      2. Premiers gestes de secourisme équin
      3. Matelotage et bourrellerie
      4. Embarquement

Sur cette session, nous étions trois en formation et moi seule étais également en stage à Mazerolles.

Ces huit mois m’ont permis de me remettre sérieusement à cheval et de commencer à tisser un réseau de personnes compétentes. Plus j’en apprenais, plus j’avais l’impression qu’une vie serait trop courte pour « rattraper mon retard » mais la chance m’a souri : à Mazerolles, on m’a vite fait confiance et j’ai pu côtoyer et monter quasiment sans limites une bonne partie de la cavalerie. Les formateurs (Anne et Jean-Sé, propriétaires de la structure et toute l’équipe pédagogique) m’ont accordé beaucoup de temps et grâce également à la sympathie des cavaliers habitués du centre équestre, j’ai eu l’impression, rapidement, de faire partie de la grande famille de Mazerolles.

Sur le sentier de l'"homme de cheval"

A cette période, j’ai commencé à percevoir les différences entre les animateurs, les techniciens, les pédagogues, les passionnés des 2 pattes et ceux des 4 pattes et je me suis rendue compte que, à l’instar de beaucoup de secteurs, la palette des enseignements était immense.
C’est à cette époque que j’ai débuté ma collection de phrases pleines de sens qui font fureur quand je sors des centres équestres pour rejoindre mes réunions bien urbaines. C’est aussi là que j’ai découvert certaines réalités qui font mal…. :

Vous savez comment on devient millionnaire dans le monde du cheval ?
On commence milliardaire, on investit dans le cheval et on devient millionnaire.
Laurent Lardière
Formateur ATE et ambianceur de carrière

J’ai également réalisé que je ne voulais rien faire d’autre : je voulais vivre à l’extérieur, avec les chevaux et les gens qui, comme moi, ont besoin de grands espaces pour se sentir épanouis.

Credit: @Florence Peissard

Mélanger les savoirs et me sentir comme un poisson dans l'eau (ou comme un cheval dans une immense prairie)

Est ensuite arrivée la préparation de la randonnée école : 3 jours – 15 participants – 12 chevaux et, à la clé, la validation de mon UC 2 « animer et encadrer des activités de tourisme équestre ». J’ai adoré ce moment car, au-delà d’avoir un super prétexte pour repartir à vélo sur les petits chemins avec Bertrand pour faire les reconnaissances des itinéraires, j’ai pu utiliser les compétences que j’avais acquises dans mes vies précédentes : un peu de communication, pas mal de logistique, un peu d’administratif et surtout beaucoup d’Excel ! Budget, rétroplanning (le fameux « diagramme de Gantt » !) et, aidée par Bertrand, j’ai créé des outils très pratiques pour mes futures organisations de rando. Cette étape m’a permis de réaliser que, si j’avais du retard sur le « monde « équestre », je pouvais piocher dans mes autres expériences pour le rattraper et apporter de nouvelles idées qui pourraient, en outre, servir à d’autres.

Je craignais de me réorienter et me lancer dans un autre monde alors que j’avais « déjà 30 ans » et ce n’est qu’après quelques mois de formation que j’ai vraiment réalisé qu’il n’était jamais trop tard pour se reconvertir : les enseignements s’accumulent, les expériences se nourrissent les unes des autres et j’ai réalisé qu’enfin j’approchais ce rêve d’enfant de vivre avec les animaux, en pleine nature toute l’année.

Et tout s'aligne...

En février, bien avant la fin de la formation, j’ai eu la chance d’être contactée par un ami, lui-même ATE, qui cherchait à se faire remplacer pour la saison estivale. En mars, j’étais embauchée pour faire un été en Savoie, sans même avoir validé mon diplôme. Compte tenu de la forte saisonnalité de cet emploi, ce n’était pas étonnant, mais j’étais tout de même très heureuse d’avoir « déjà » réussi mon virage à 180°.
La seule ombre au tableau a été le test de sortie que j’ai passé en deux fois. Effectivement, il est constitué de six épreuves concentrées sur en un seul jour. Envahie par le stress, je n’ai pas validé l’épreuve montée et j’ai dû la repasser en Île-de-France, deux semaines plus tard.
Cette expérience m’a cependant bien servi et je peux évaluer en connaissance de cause quand je juge, maintenant, des élèves en test de sortie ATE : six épreuves en un jour, c’est un beau défi !

Ma première saison d'ATE : du bonheur en montagne (Été 2018)

Arrivée en juin 2018 dans un cadre idyllique (Doucy-Valmorel, en Savoie), j’ai passé une saison riche en émotions : pour ma première expérience d’ATE, j’ai été tout de suite responsable de mon « piquet de chevaux et poneys ». 17 équidés, en tout, à rendre en bonne forme à leur propriétaire. Heureusement, la barmaid du lieu, passionnée de chevaux, a passé toutes ses heures libres à m’épauler pour la gestion de l’alimentation, des petites pâtures, du matériel et des balades pour débutants. J’ai pour la première fois de ma vie « bâché du foin » et donné de la fourche matin et soir pour que mes collègues à quatre sabots vivent bien cette saison sportive ! Le rythme soutenu (réveil à 5h30 du matin pour avoir le temps de nourrir et ouvrir le ranch éphémère, quatre créneaux de balades à gérer et une fois par semaine un apéro dans les alpages) a été largement compensé par la générosité des chevaux et la gentillesse des clients. Je n’ai eu à déplorer aucune chute grave, que des retours clients positifs et les chevaux sont repartis en meilleur état qu’ils n’étaient arrivés : pari gagné !

Le BPJEPS

Redescendue de la montagne sans les chevaux, j’ai réalisé que ce qui m’avait le plus plu était le contact avec les gens et la possibilité de partager avec eux ma passion des chevaux pour les faire progresser. L’ATE me permettait de le faire raisonnablement mais la tentation de continuer en BPJEPS, malgré mon expérience relativement restreinte dans le monde équestre, est devenue prégnante. De retour en Bretagne, je contactai la Foucheraie, centre de formation à trente minutes du centre de Rennes et obtins rapidement un rendez-vous et un devis. 

La formation BPJEPS (décembre 2018 - mai 2019) - 337 heures de formation / 427 heures de stage - 4k€ - Financée et rémunérée par la Région Bretagne

Acceptée en formation (l’ATE validait 3 UC/4, il ne me restait « que » la pédagogie), il me fallait maintenant trouver un financement. Effectivement, si nous avions réussi à payer la formation ATE, remettre 4k€ dans un nouveau cursus était difficilement envisageable. Heureusement, la Région Bretagne, si le projet professionnel est cohérent, peut financer ce genre de formation. De plus, j’ai eu la chance d’avoir une conseillère Pôle Emploi très investie dans mon parcours  : elle a passé plus de deux heures sur les quatre pages du dossier à envoyer, pesant chaque mot pour que l’ensemble soit le plus convaincant possible.

J’ai donc eu la chance de bénéficier du financement de 4/5e du prix de la formation et d’une rémunération de 434€ par mois.

Une super promo

Début décembre 2018, je me suis donc retrouvée entourée d’une dizaine d’ATE, tous profils confondus : certains étaient comme moi, diplômés récents, et d’autres se trouvaient déjà à la tête de structures équestres depuis parfois plus de vingt ans. Cette passion commune pour l’équitation d’extérieur a vite soudé le groupe et nous avons, je pense pour nous tous, pris du plaisir à partager ces mois ensemble.

Des apprentissages variés

Entre les cours théoriques en salle sur les différents publics, l’élaboration du dossier et des fameuses fiches pédagogiques, nous avons également passé du temps en carrière, soit à cheval, soit en situation pédagogique (en tant qu’enseignant ou cavalier). Nous avons eu la chance d’avoir des formateurs extérieurs en pony games, tir à l’arc à cheval, hunter, éthologie, voltige et notre centre de formation étant spécialisé en complet, nous avions « à domicile » des cours de dressage, obstacle et cross.

Au delà des purs apprentissages équestres, nous avons abordé des questions liées aux apprentissages physiques : c’était la première fois que je pouvais mettre des mots techniques sur le fonctionnement « cavalier » et donc identifier l’importance de connaître l’anatomie et pouvoir proposer des exercices adaptés à tous les âges et toutes les corpulences. Ce volet m’a donné envie d’approfondir ces questions, notamment par le biais du Brevet Fédéral d’Encadrement Équi-Handi, formation que je valide actuellement grâce au Comité Régional d’Équitation.

La diversité de notre promotion nous a permis également, entre nous, de partager nos idées et nos vécus pour enrichir nos connaissances.

Le stage à Mazerolles et le sentiment de "commencer à savoir transmettre"

Avant l’entrée en formation, il nous a été demandé de trouver une structure équestre qui pouvait nous accueillir pour nous former sur le terrain. Sans hésiter, j’ai repris contact avec Mazerolles : je connais une grande partie des cavaliers, je m’entends bien avec l’équipe pédagogique et les activités proposées sont variées. C’est donc avec grand plaisir que j’ai suivi tous les samedis et lors des vacances scolaires le chemin de Mazerolles.

Si j’ai pu prendre en charge rapidement différents cours, j’ai pu également vite identifier ce que j’avais envie de travailler pour mon dossier pédagogique. Il a donc été convenu que je participerais à la formation des élèves ATE, que j’encadrerais un stage pleine nature et un stage multi-activités pour enfants et que je formerais Héléna, cavalière adulte, en cours particulier.

Grâce aux moniteurs et formateurs de la structure, ainsi qu’aux collègues en formation et aux cavaliers du centre, j’ai bénéficié d’une super immersion terrain et, valorisée dans ce rôle, j’ai commencé à me sentir « à ma place ».

J’ai validé, lors de la première session, les deux épreuves qui constituaient l’examen pour l’obtention de l’UC 3 du BPJEPS et c’est le cœur léger que j’ai préparé l’ouverture de ma micro-entreprise pour la rentrée de septembre 2019.


Vous connaissez la différence entre Dieu et un moniteur d'équitation ? Dieu ne s'est jamais pris pour un moniteur d'équitation.
Laurent Lardière
Formateur ATE et ambianceur de carrière

La micro-entreprise - les premiers vrais cours

Ne possédant ni infrastructure ni cavalerie, plusieurs options s’offraient à moi :

– Soit trouver un emploi dans un centre équestre proche de chez moi et continuer à me former « sur le terrain »,

– Soit monter une entreprise de services équestres, dépendant du statut agricole et du régime « micro BA » dédiés aux petites entreprises agricoles, afin de pouvoir travailler des chevaux et organiser des balades et randonnées,

– Soit monter une entreprise pour l’enseignement afin de pouvoir dispenser des cours en centre équestre et en centre de formation. Cette dernière option a l’avantage de bénéficier du statut de micro-entreprise dépendant de l’URSSAF (et donc d’être très simple à ouvrir) mais élimine toute possibilité de monter à cheval. Considérant que ma plus-value se trouvait vraiment dans cette dernière catégorie, j’ai monté ma boîte : florencepeissard.fr

Ce statut est pratique pour passer d’une entreprise à une autre : il me permet d’avoir différents clients, de naviguer de structure en structure et de continuer à être investie dans les différents centres que j’affectionne.

Cette mise en pratique m’offre aussi l’occasion de continuer à apprendre, de tester des exercices, des disciplines et de poursuivre ma reconversion en douceur, sans travailler à temps plein dans ce secteur.

La nécessité de garder un emploi à côté

Quoiqu’il en soit, j’aurais dû entreprendre énormément de prospection et me faire parfois violence pour travailler dans des clubs qui ne me convenaient pas : je me suis gardé le luxe de pouvoir « choisir mes clients » et de ne pas être obligée de faire des compromis. Je travaille donc à côté et suis toujours intervenante en école de commerce à Rennes, sur les sujets liés au développement durable et à l’entrepreneuriat social. Je prévois aussi de continuer à faire des saisons estivales dans des structures de tourisme équestre, afin de garder un vrai pied dans ce métier passion.

Le BPREH

La "compétence agricole"

Ensuite, à force de croiser des dirigeants de structure équestre, l’envie de créer un lieu touristico – équestro – socialo  et pouvoir nous installer, nous enraciner, est revenue à la charge.

Cependant, comme tous les projets « ancrés » dans la terre, la question de l’accession au foncier, de l’achat de l’immobilier est un vrai challenge. Encore une fois, plusieurs options s’offrent à nous et, comme de nombreux porteurs de projet, je me suis tournée vers la Chambre d’Agriculture pour avoir des renseignements. Le projet étant « hybride » et relié à l’agricole par l’équestre, j’ai appris que ni l’ATE ni le BPJEPS ne pemettaient de valider « une compétence agricole » et que, pour pouvoir nous installer et bénéficier du soutien de la chambre d’agriculture, il nous fallait ce dernier sésame. J’ai tenté de lancer Bertrand sur le BP Responsable d’une Entreprise Agricole (le général) mais bizarrement, il n’a pas saisi la chance de sa vie de se vêtir de la combi verte si sexy.

On m’a également indiqué la possibilité de valider un bac pro agricole en candidate libre  et comme « qui ne tente rien n’a rien », je me suis inscrite en ligne et ma demande n’a pas été acceptée : il aurait fallu que j’aie 36 mois d’expérience en structure équestre, ce qui n’était pas le cas. J’aurais pu attendre encore quelques années mais, quitte à être lancée dans cette reconversion, autant la faire jusqu’au bout !

La formation BPREH à distance - commence en mai 2020 - 1200 heures en tout - Financée et rémunérée par la Région Pays de La Loire

Une conseillère Pôle Emploi en or

De fil en aiguille, j’ai appris que le Lycée Agricole de Laval (à une heure vingt de chez nous) proposait le Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Hippique en formation à distance et donc la possibilité pour moi de continuer à dispenser les cours en école de commerce et de valider en parallèle ce qui me permettra d’avoir enfin cette compétence agricole.

J’ai aussi appris que cette formation avait également un coût élevé : plus de 5k€ à débourser et l’impossibilité, dans les faits, d’imaginer une nouvelle fois accéder à une aide régionale. C’était sans compter sur la réactivité du pôle administratif du Lycée Agricole de Laval et surtout sur l’investissement de ma conseillère Pôle Emploi. Une fois de plus, elle a passé toute une matinée à me construire un dossier béton pour que la Région accepte une dérogation et finance cette nouvelle formation. Un mois plus tard, j’apprenais que la demande était validée et que je pourrais commencer la formation fin mai.

Un programme équestre ET agricole

Les différentes UC proposées dans cette formation me semblent être un véritable prolongement de l’ATE qui, plus que le BPJEPS, offrait un véritable socle de connaissances pour devenir une « femme de cheval ».

Pilotage de projet, gestion, travail et valorisation d’une cavalerie, gestion des infrastructures et des cultures, mise en marché des prestations sont les grands points que j’aurai à travailler pour valider ce  diplôme. Au-delà des quatre semaines en présentiel que j’aurai à suivre, j’aurai l’occasion de vivre neuf semaines de stage, soit dans une seule et même structure, soit dans 5, 6, 7, 8, 9 structures différentes !

Un bon prétexte pour partir à la rencontre d'acteurs de l'équestre et du territoire

Comme toute expérience de ces dernières années, le but est de mêler l’utile à l’agréable : pour mes neuf semaines de stage, je cherche donc des structures qui ressemblent à ce que nous aimerions construire dans notre « sas de décompression » : des structures équestres qui travaillent aussi avec le social, avec le tourisme ou avec toute autre activité qui pourrait renforcer le modèle économique de l’équestre.

Alors, si vous êtes arrivés à la fin de ce long article et que vous avez des idées de structures qui pourraient nous intéresser, en France ou à l’étranger, nous sommes à l’écoute !

Cet article a 3 commentaires

  1. 1LAPOM

    Intéressant et agreable a lire.
    Je me suis tj demandé, vu le turn over dans la profession, si finalement on ne travaillait pas a perte, en faisant les comptes revenus moins couts formation.

    1. FiloFloo

      Bonjour !
      Merci pour votre commentaire. Effectivement, si on met de côté l’aspect « passion », toutes ces heures de formation paraissent aberrantes (surtout par rapport aux débouchés et à la qualité de l’emploi derrière). Certains de mes formateurs regrettaient les modèles à l’ancienne d’apprentissage chez un maître (pour un temps dépendant du temps d’apprentissage de l’élève qui partait lorsqu’il était prêt). J’imagine qu’il y aurait bien d’autres choses encore à imaginer pour améliorer les formations actuelles (ne serait-ce qu’un vrai pont avec la compétence agricole…!).
      Et on ne compte pas l’investissement pour s’installer 😀 !!!
      Bonne journée !

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