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« Une mer calme n’a jamais fait un bon marin »

Lundi 20 avril. De fines goutes de pluies viennent achever leur course sur nos grandes fenêtres. Notre montage de projet survivra-t-il à la morosité de la météo ?

Aujourd’hui nous continuons un processus commencé il y a quelques jours : éprouver les chiffres avec le réel. Effectivement, pour trouver un équilibre économique, nous avons trituré nos neurones pour imaginer des activités, les budgetiser, prévoir leurs évolutions sur plusieurs mois. Et voilà qu’aujourd’hui, nous doutons : et si nous n’avions pas assez d’expérience ? Et si nous ne pouvions pas rembourser ? Et si nous n’avions simplement pas le temps de tout faire ? Et si, et si, et si ?

Cette matinée du doute nous pousse à envisager le pire et si nous essayons de nous convaincre que c’est pour le meilleur, nous avons du mal à sortir la tête de l’eau et réussir à imaginer le soleil derrière les nuages.

En terme de « gros sous » : nous partons de zéro. Nous nous sommes dit qu’à cœurs vaillants rien d’impossible et que convaincre banquiers, financeurs et partenaires de notre légitimité sur le lieu était possible. Et donc de nous faire prêter, grosso modo, 500k€.

Puis nous avons avancé dans le concret : qui fait quoi ? Combien de temps par jour ? Pour quelle rentrée d’argent ? Et là notre modèle a commencé à craquer : pour rembourser une telle somme il nous faudrait être ingénieux. Ça, on sait faire. Travailler comme des fous. OK, on a l’habitude. Se dédoubler. Ah ! Là nous nous sommes confrontés à un vrai problème. Car si sur le tableau les euros se remboursent, il nous faudrait travailler minimum 80 heures par semaine. Chacun. On est loin de la décroissance et du mieux vivre, même si c’est pour faire des « boulots passion ».

De plus, notre plus-value se trouve dans l’accueil : il nous faut envisager des travaux pour transformer une partie des boxes en gîte, donc de nouveau des investissements et d’autres chiffres à faire rentrer dans le tableau Excel. Et des accords de principe de la mairie, qui en cette période confuse tarde à nous répondre.

Enfin, si nous devions nous concentrons juste sur l’équestre, il n’y a pas suffisamment de terres et trop de boxes sur le centre. Moi qui rêve de voir les chevaux gambader dans de grandes prairies se transformera vite en allers-retours innombrables pour les sortir au paddock et les rentrer en boxes le soir venu. Et donc encore plus de travail.

Nous sommes bloqués à la première marche qui est trop haute et pour cause : le lieu ne convient pas vraiment à ce que nous aimerions faire. Ceux qui sont à convaincre ne sont pas les banquiers ni les autres financeurs mais bien nous.

Vendredi 1er mai. Deux semaines se sont passées. À un rythme lent : nous nous sommes concentrés sur d’autres aspects du projet et puis est arrivé le moment difficile mais nécessaire du « lâcher prise » et du « lâcher de lieu » : il n’est pas pour nous, pas pour le moment en tout cas.

Nos mentors, Alain et Roger, nous ont encouragé à tenir bon, puis nous ont rassuré lorsqu’ils ont bien compris les raisons de notre revirement. Alain nous a remotivé en nous disant qu’il était toujours bon de « faire le budget du regret » et qu’il fallait maintenant construire autre chose.

Le centre équestre du Bout du Monde ne correspondait pas suffisamment à nos envies, malgré un environnement incroyable et une structure magnifique.

Nous savons depuis le début que le chemin serait long et nous prenons donc la responsabilité de tourner une autre page. Nous continuons donc à nous former, à partager nos avancées et nous envisageons de construire ailleurs quelque chose d’autre, dans un lieu qui sera plus accessible et sans doute avec une équipe agrandie !

Comme dit le proverbe « une mer calme n’a jamais fait un bon marin » : chaque étape nous propose son lot de surprises et nous permet de mieux nous connaître et de mieux envisager notre présence au monde. Nous ne lâchons pas la barre : nous changeons de cap !

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